samedi 25 septembre 2010

La taloche

Qui opte pour la vérité ne se livrera pas à des hommes qui lui promettent le salut par la destruction d’autres humains. Car il saura que cette soif de destruction n’est pas un besoin humain primaire, apaisé une fois satisfait, mais une quête permanente et pervertie de vengeance (…) Alice Miller, « Abattre le mur du silence »

Aujourd’hui, nous vivons dans un Monde où la taloche semble être devenu le moyen n°1 de se faire respecter. Vous ne payez pas vos factures ? Taloche. Cela a au moins le mérite d’être efficace.

La taloche est omniprésente et il serait bon de s’interroger sur on origine, et comment nous en sommes arrivés au point d’accepter de vivre passivement sous son joug.

Mais en est-il vraiment ainsi ? Ne serait-ce pas plutôt ce que l’on a tenté de nous faire croire ? Car sous le joug de la taloche se cache un mécanisme qui se nourrit de la peur : peur d’être puni, peur de recevoir une taloche. Dans certains cas, ne serait-il pas moins douloureux de se prendre une taloche, plutôt que de faire une entrave à nos sentiments, s’exposant ainsi à leur refoulement, ce qui va nous permettre, au final, de revivre une bonne « peur de la taloche » dans chaque situation similaire ? Ce durant toute notre vie, dans des situations aussi diverses qu’infinies ?

« La vie est dure »
« La vie ne fait pas de cadeau »

On dit souvent que ce n’est qu’une question de point de vue, mais si l’on prend la peine de se pencher sur la question de façon un peu plus objective, l’on peut se rendre compte que nous vivons dans un système somme toute bien rôdé, traitant nos maux à grand renfort de médicaments et de pensée positive.

Ouvrons les yeux, soyons objectifs et acceptons la vérité.

Comment est-il CONCEVABLE que les psys, les « médecins de l’esprit, des émotions », procèdent à la prescription de médicaments ?

Si l’on traite du domaine psychique, de l’esprit, de l’émotion, ne doivent-ils pas être en mesure de comprendre, traiter cela tout en restant dans ce cadre-là ?

N’a-t’il pas été démontré que les médicaments offrent une action temporaire sur le symptôme alors qu’il y a un mal de « racine » à soigner ?

Il est plausible et concevable que la prise de médicaments puisse dans certains cas être bénéfiques et apporter une solution à un mal-être, mais quid des effets secondaires ?

Quid de la généralisation de l’utilisation GENERALISEE d’antidépresseurs ?

Quid du nombre de personnes les utilisant pour soulager leurs maux, même en dehors du cadre de la thérapie ?

Aujourd’hui, il est peut-être bon de se rendre compte de l’obsolescence de ce système, en constatant son inefficacité, car si nous parvenons aujourd’hui en tant qu’adultes à percevoir ne serait-ce qu’une once de son action destructrice, nous avons commencé à en faire les frais durant notre enfance, alors que nous n’avions pas les moyens d’identifier la taloche pour ce qu’elle était : de la maltraitance pure et simple.

Il nous faut réussir à voir une action telle qu’elle est : si elle est blessante, c’est blessant. Et ce n’est pas acceptable. Peut-être que la personne qui agit ainsi ne se rend pas compte de l’effet et de la portée de ses actes, ou qu’elle arrive à se les justifier. Cela n’en reste pas moins un acte hautement destructeur. La taloche peut être d’ordre physique ou psychique, et prendre la forme d’une phrase assassine comme celle d’une fessée.

C’est la réalité, et jamais ‘foutre une taloche’ n’a aidé quelqu’un. Aujourd’hui, l’on retrouve cette singulière ‘façon d’aider’ dans bien des situations, et se soldant par d’innombrables souffrances.

Mais la taloche fait mal, et nous n’aimons pas avoir mal. Il n’est pas possible qu’il en soit autrement. Et il nous faut accepter que nous portons tous cette vérité en nous.

Nous l’avons simplement oubliée, ou plutôt refoulée en acceptant des phrases telles que « c’est pour ton bien », le plus souvent durant notre enfance. Ainsi, le déni de ce principe de base permettra à la douleur de la taloche de nous accompagner, tant que nous ne l’aurons pas identifié.

Aujourd’hui, la plupart des thérapeutes nous prescrivent des médicaments tout en nous servant des solutions de refoulement quant aux douleurs que nous avons subies, en nous suggérant de les identifier comme étant « pour notre bien » ou encore « ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient » et qu’il nous faut maintenant « pardonner et laisser derrière nous ».

Pire encore, sous le couvert de « traditions » ou de concepts moraux tels que « tu honoreras tes parents », nous avons l’interdiction de vivre l’émotion qui découle normalement de telle ou telle situation, ou encore d’ « avoir raison ».

Je souhaite soulever un principe essentiel : l’émotion ressentie d’alors n’a pas été vécue, et elle a été réprimée. Lors d’une situation douloureuse, telle émotion surgit, et nous avons malheureusement bien des raisons de ne pas la vivre de façon authentique.

« Arrête de pleurer »

Nous avons vécu des situations intolérables ou des sentiments très forts ont surgi, mais nous ne les avons pas suivis. Nous n’avons pas pu les suivre. Nous ne nous sommes pas écoutés. Et il est clair que pour la plupart d’entre nous ne le pouvions pas, car étant face à des individus en position de pouvoir, physique ou émotionnel. Cette position de pouvoir inclut bien évidemment l’ « amour parental ».

Dans ces circonstances, nous n’avons pas la possibilité de vivre l’émotion de façon authentique, parce que nous ne comprenons pas pourquoi des personnes avec qui nous sommes censés partager une relation d’amour nous fassent souffrir de façon manifeste (une taloche, ça fait mal).

Comme si le devoir d’aimer enlevait/absolvait l’acte qui s’est produit.

Malheureusement, si nous n’avons pas les clés pour comprendre et se cramponner à l’idée qu’ils nous ont réellement blessés, et qu’il ne s’agit pas là d’une relation respectant la personne humaine, nous allons accepter une autre explication pour la taloche reçue.

« Mets-toi à ma place »
« C’est une question de point de vue »
« Peut-être, qu’au fond, ils ont eu raison. »

Ainsi, nous arrivons à justifier la souffrance reçue, et par la même occasion, un acte souvent injuste et même impardonnable.

Nous allons donc nous expliquer ce qui s’est passé différemment de la vérité, et développer une conception erronée. Or, l’acte délictueux s’étant bel et bien produit et l’émotion douloureuse qui en découle étant également « présente sur le ring », nous allons devoir nous « mentir à nous-même », refouler cette émotion.

Lorsque cette situation se produit durant l’enfance, la vérité est bien trop insupportable à supporter pour un enfant, et le déni est le seul moyen qu’il ait à sa disposition pour s’en prémunir. L’enfant bâtit alors un mur, un rempart le protégeant de la douloureuse vérité : telle personne n’est pas capable d’assurer à l’enfant l’amour inconditionnel qu’il mérite ; au contraire, telle personne l’a maltraité, et est par cet acte même une menace pour sa sécurité.

Dans tous les cas, l’émotion n’ayant pas été vécue de façon authentique, elle va « rester là », on va la « déposer là », en nous. Malheureusement, elle ne peut pas juste « rester là » et va bien devoir se manifester d’une façon ou d’une autre, car c’est le propre des émotions, non ?

Ainsi, ce « poids qui vit et tient à s’exprimer » s’apparente plus dans à une boule épineuse posée sur notre chair à vif ; nous ne l’avons pas reconnue comme telle dès le départ, sinon nous aurions peut-être pu agir plus en adéquation face à cette émotion (malheureusement il s’agit souvent de situations insoutenables dans lesquelles nous n’avons pas les moyens de réagir de façon appropriée, sous des influences telles que la menace, nous n’avons pas eu d’autre choix que d’accepter et subir).

Mais cette émotion est là et va continuer à piquer, meurtrir, à diffuser son caractère originel ; cela peut être de la colère, de la haine, de la tristesse, du chagrin, de la honte, de la révolte…
Comme nous ne l’avons pas reconnue, identifiée et ainsi vécue pour ce qu’elle est, elle va non seulement continuer à se manifester, mais différemment de sa propre nature, et ce ne sera pas en phase avec la vérité. C’est la raison pour laquelle la tristesse pourra céder sa place à la furie, comme l’expliquait Georges Bucay dans l'une de ses nouvelles de son livre "Je suis né aujourd'hui au lever du jour".

Ainsi, la personne concernée, incapable d’identifier la source de son mal-être, en attribuera probablement la responsabilité à d’autres facteurs, sera sujette à des comportements décalés par rapport à la réalité, alors qu’au fond, cette personne souffre.

Le temps passe et ce bagage émotionnel est toujours présent ; il s’amplifie, et nous arrivons au point où le seul moyen de ne pas faire face à notre émotion, à nous-même, sera de talocher les autres. En talochant l’autre, l’on trouve un peu de répit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire